Véronique Sanders
Château Haut-Bailly

1. Quel âge aviez-vous lorsque vous avez eu votre premier «moment» de vin et qu'est-ce que c'était ?
J’avais presqu’un an et je ne marchais pas encore; mon grand-père a ouvert une bouteille de Champagne à l’autre bout du salon, je me suis levée, j’ai traversé la pièce et j’ai marché pour la première fois pour aller goûter ce vin de fête…

Plus tard, la beauté du vignoble de Haut-Bailly m'a attiré, son charme m'y a attaché, la passion du métier m’y a ancré.

 2. Vous avez repris le flambeau familial de votre grand-père, Jean Sanders, mais pouvez-vous nous raconter un peu sur votre parcours professionnel avant Haut-Bailly?
J’ai fait des études littéraires, économiques et marketing. J’ai d’abord travaillé dans les études de marché chez Publicis à Paris et à Prague. Et lorsque j’habitais Hambourg, c’est Jean-Jacques de Bethmann, le propriétaire du Château Olivier qui m’a mis le pied à l’étrier.

3. Vous êtes une des rares femmes bordelais à diriger un Château. Est-ce que vous avez vécu beaucoup de défis et est-ce que vous remarquez une évolution ?
J’ai toujours considéré qu’être une femme était un avantage, même lorsque nous n’étions pas très nombreuses. Et puis, la difficulté aide à grandir. Mais je crois surtout à la complémentarité entre hommes et femmes; avoir la chance de pouvoir travailler en harmonie en croisant nos visions est formidable. L’équipe de Haut-Bailly est sensationnelle.

4. Parlez-nous de l’histoire et les traditions du Château Haut-Bailly.
Situé aux portes de Bordeaux, au c?ur de l’appellation Pessac-Léognan, le Château Haut-Bailly domine depuis plus de quatre siècles un vignoble de 30 hectares d’un seul tenant. Sa topographie unique, son climat et la richesse de ses sols lui confèrent une incroyable constance. Etabli sur l'un des points culminants de l'appellation, le Château Haut-Bailly bénéficie d'une mosaïque de sols et de sous-sols composée de graves qui reposent sur de l'argile et des faluns. Ce terroir d'exception est le gage d'une grande régularité quel que soit le millésime. Le vignoble révèle aussi des parcelles centenaires riches en cépages variés – avec une dominante classique de cabernet sauvignon et merlot auxquels se mêlent cabernet franc, malbec, petit verdot et carménère – représentant chaque année jusqu’à 20% de l’assemblage, gage de finesse et de profondeur.

5. Que avez-vous changé  dans le vignoble au moment que vous avez repris la direction du Château en 2000 et quelle est votre philosophie ?
Avec l’arrivée de Bob Wilmers en 1998, Haut-Bailly est très vite mis en chantier, d’abord dans la vigne avec une étude pédologique conduite par le Professeur Denis Dubourdieu. Des bâtiments agricoles sont construits et les chais sont repensés afin d’optimiser le trajet du raisin, de la vigne à la mise en bouteilles. Le château fait également l’objet d’une belle rénovation de patrimoine. Grâce à ces investissements importants, la propriété est entrée dans le XXIème siècle avec confiance et ambition.

Mais nous sommes aussi toujours tournés vers l’avenir et mobilisés par le désir de pousser toujours plus loin la qualité de nos vins: c’est ainsi que Haut-Bailly s’implique dans des initiatives telles que la recherche de molécules à l’origine des arômes liés au vieillissement des vins de Bordeaux jusqu’à l’accompagnement du premier diplôme de taille dans le respect du flux de sève.

Enfin nous participons à plusieurs groupes de recherche afin d’améliorer la qualité des vins tout en diminuant l'impact environnemental.

6. Quelle est votre rêve pour Château Haut-Bailly dans le futur?
Continuer de démontrer millésime après millésime à quel point le terroir est exceptionnel. Coloniser le futur est notre responsabilité d’aujourd’hui.

C’est pour cela qu’en pensant dès maintenant à notre avenir, nous avons entamé un projet ambitieux pour répondre à l’évolution de nos métiers et nous inscrire dans le long terme. Bob Wilmers l’avait voulu et initié. Sa famille, poursuivant sa volonté pour cette terre de Haut-Bailly, entend prolonger son ?uvre de bâtisseur. Sa réalisation permettra à Haut-Bailly de continuer à progresser, en conservant la dynamique insufflée par l’équipe en place depuis vingt ans. Le projet se réalisera en deux phases, la première s’achevant au printemps 2020 pour la construction de nouveaux chais et la deuxième en 2021 pour le réaménagement des bâtiments existants.

7. Parlons des vins. Comment décririez-vous votre style de vins?
Les vins de Haut-Bailly allient classicisme et modernité, élégance et finesse, souplesse et structure. Ce sont des vins de grande garde, extrêmement souples malgré la forte proportion de cabernets… parfois considérés comme très féminins… Ce style inimitable est marqué par le charme.

8. Comment est-ce que vous essayez de préserver ce style ?
Produire un grand vin, c’est respecter un terroir, une personnalité. C’est aussi savoir s’adapter aux conditions climatiques différentes chaque année. Enfin, c’est ne pas suivre les modes, mais garder son âme et faire confiance au secret de l’expression du terroir de Haut-Bailly.

9. En 2009 vous avez reçu un score de 100/100 de Robert Parker. Quel est votre millésime favoris ?
Au cours des 20 dernières années, nous avons eu la chance de pouvoir produire une série incroyable de grands vins. J'aime 2000 et 2005, mais 2001, 2004, 2008 sont des millésimes qui me tiennent particulièrement à c?ur. Et puis nous avons été bénis des Dieux en 2009, 2010, 2015, 2016 et 2018… La force de Haut-Bailly c’est sa constance!

10. Si vous n’étiez pas devenu vigneronne, que feriez-vous?
Il ne faut pas rêver sa vie mais vivre son rêve… avec passion et bonheur!


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